Récit de mon 1er trail en compétition Trail du Patois 2017 à Olhain
Jour J, 7h du matin, je suis sur le pied de guerre. Deux heures et demie avant le départ de la course, c'est bol de céréales et le petit café qui va bien avec. Ma tenue prête de la veille, je n'ai plus qu'à l'enfiler. Ma seule crainte, je n'ai pas de chaussures de trail, mais compte tenu des quelques averses des jours précédents, le parcours devrait être peu glissant. Seule nouveauté à mon equipement running, l'indispensable sac d'hydratation tout neuf acheté J-1 chez Décathlon.
8h, me voilà prêt, direction Olhain ! A mon arrivée, déjà pas mal de monde sur place, le parking est déjà bien occupé, une belle ambiance règne. Certificat médical et feuille d'inscription en main, direction le retrait du dossard. Bonne nouvelle, l'organisation est bien en place, pas de queue interminable, j'obtiens mon précieux dossard 1088 immédiatement. On me remet un bracelet offrant sandwich et boisson à l'arrivée. Direction le stand cadeau où je reçois un tee-shirt technique blanc Trail du Patois 2017, ainsi qu'un
foulard de type Buff. Ce second présent n'était pas prévu, merci ça fait vraiment plaisir.
8h30, me reste 1 heure pour retrouver ma soeur venue également faire le 12Km. La voici, elle est bien au rendez-vous, avec un peu d'appréhension tout de même. Course locale oblige, je rencontre des connaissances, on se sent comme chez soi (normal j'y suis). Je tombe sur un pote de lycée habitué des marathons et des podiums, il me met en confiance, je cite :”fais gaffe le parcours est difficile, c'est technique”. Bon ben au moins, je sais à quoi m'attendre.
9h, je pense tout de même à m'échauffer un peu. Quelques minutes de jogging, 2-3 séries de talons-fesses et de montées de genoux, il est déjà 9h15, le speaker annonce le départ du 12km en joëlette. En effet, ce jour, l'association Dune D'espoir souhaite faire partager sa passion du trail à Claire et Perle, des enfants en situation de handicap. C'est sous les applaudissements et les encouragements des 700 traileurs que partent les 2 équipes.
9h20, le sas de départ est déjà bondé, ceux venus faire un chrono sont bien devant, prêt à en découdre. Je me suis placé en milieu de peloton. Aujourd'hui pas d'objectif de classement, je me dis juste que si je passe sous les 1h10 ce serait très bien pour une 1ère en Trail.
3,2,1, pan ! Départ commun avec les collègues du 29km, 715 traileurs s'élancent dans la bonne humeur.
Si les premiers ont déjà pris une bonne avance, dans le peloton on en est encore à trottiner et à essayer de se faire une place. 200m sont déjà couverts, ça y est enfin, je peux me lancer en zigzaguant prudemment sur le faux plat. Pour l'instant je suis toujours sur le macadam, pas encore en mode trail. Pour ceux qui connaissent me voici sur la mythique plaine engazonnée d'Olhain, le peloton s'est déjà bien étiré. On commence à déceler les allures des participants. Je suis prudent, malgré tout je boucle le 1er km en 4'48 au km.
Le second kilomètre nous initie au trail avec une descente sur un sentier verdoyant et découvert. Me voilà en compagnie d'un jeune traileur plutôt d'humeur joviale qui crie à qui veut bien l'entendre : “on est pas bien là, il y a du soleil et des filles dans le peloton”. Il enchaîne avec : “ben alors personne ne parle” et termine par chanter : “y a du soleil et des nanas”. Appréciera qui voudra, moi je souligne le bon esprit, mais je reste dans ma course, je ne connais pas les surprises que l'itinéraire me réserve.
Me voici désormais en pleine forêt, le sentier ne laisse pas de place pour 2 hommes. Il faut ruser d'ingéniosité pour doubler sans géner, ni tomber, mais aussi laisser passer les plus rapides ou téméraires. Un jeune traileur, n'a pas eu de chance, il est tombé et se tient la cheville, la course est terminée pour lui. Ma garmin annonce 4'38' sur le 2ème km, suis-je parti trop vite ?
Je le confirme ! Le premier dénivelé positif fait chuter drastiquement mon allure. En 500m, je découvre réellement ce qu'est un trail. Je raccourcis ma foulée, je pousse avec les bras, c'est vraiment chaud. Les 500m suivant me redonnent le sourire, c'est une descente à 15% qu'il faut dévaler sans risquer de chuter. Ronces, branches d'arbres et racines donnent le change. Gifler par la nature, c'est un nouveau dénivelé (D+ 78m) sur 700m qui m'attend.
Trail du patois dénivele
Je prends totalement conscience d'une notion, que courir c'est aussi savoir marcher. Ce
conseil pour bien débuter en course à pied prend tout son sens en plein trail. 3,5km, je me dis qu'est-ce que je fou là. J'ai l'impression d'être dans le dernier km d'un 10k. Je me rappelle que
je porte un tee-shirt Run For Fun, je suis là pour le plaisir, je décide de passer en marche rapide, c'est tout de même une déclivité à plus de 15%.
Ma
montre cardio gps me signale que j'ai parcouru 4 km, c'est aussi à ce moment qu'un plat arrive telle une récompense. Il était temps, le souffle revient doucement, ma
fréquence cardiaque a dû battre des records. Quelle balade dominicale en forêt ! Je vais à mon rythme (enfin celui que j'ai trouvé), la gadoue est au rendez-vous, ça glisse, je suis prudent. Cela m'emmène jusqu'au kilomètre 7. Je viens de boucler 2,5 bornes en léger faux plat. Quel bonheur une descente vient me redonner davantage l'espoir. A mi chemin, les jambes sont encore là, je tiens le choc. Ma traversée des bois m'a permis de prendre la mesure. A ce moment là je cogite, je me dis que j'ai bien fait d'opter pour le 12km. Si cette distance paraît anodine pour certains, je vous assure qu'à mon niveau elle me fait dire qu'il faut rester humble face au trail. Quel que soit son temps final, terminer ce genre d'épreuve c'est déjà une belle réussite. D'ailleurs je ne regarde plus mes temps intermédiaires, je profite à fond de ce run nature.
La lumière au bout de la forêt, des tables, c'est le ravito. Je tente de prendre un demi sucre, bim je fais tomber la boîte par terre. Pas de chichi je ramasse ce que je peux, je m'excuse et je m'enfuie aussitôt. Depuis le départ, ma poche à eau me rend service, je m'hydrate en course régulièrement, ça fait du bien. Heureusement qu'elle était là ! Plus que quelques milliers de mètres, je passe en mode warrior pour maintenir le cap avec le sourire et pour le plaisir.
Km 8, je pense avoir trouvé mon lièvre, il semble sur mon rythme, je ne le lâche pas dans la légère montée en plein bois d'Olhain. Je le rejoins, on entame une petite discussion sur le concept du trail, il m'expose sa conception de la chose et les différentes mentalités. Un joli dénivelé positif en direction de la plaine d'Olhain survient, je connais l'endroit je m'attends au pire, reste plus que 2K. Je laisse donc mon compagnon de fortune, mais je le garde à l'oeil. Dans la côte, j'abandonne le fait de courir, je repasse en mode marche rapide pour faire descendre le cardio. Je ne suis vraiment pas le seul, d'autres traileurs ont adopté cette technique. Mon lièvre me dépasse en trottinant, il en a encore sous le pied, j'essaye de limiter l'écart qu'il tente de creuser.
10,5km, enfin terminée cette côte ! Retour dans la forêt pour un plat salvateur, ça sent bon la ligne d'arrivée. Mon lièvre est à quelques hectomètres, je le rattrape doucement, mais surement. Tout compte fait,
marcher aura été plus bénéfique que se forcer à courir en côte. Quelques sauts de cabri pour éviter les obstacles de la nature, attention ça glisse, me voilà de nouveau à ses côtés, il semble faiblir, son allure n'est plus ce qu'elle était lors de notre rencontre, du coup je le passe. Les organisateurs en ont pas terminé de nous surprendre, c'est maintenant un escalier très pentu qui s'offre à moi mêlant gadoue, mélasse et traverses de chemins de fer. Je force sur les cuisses, je m'agrippe à la rambarde, je tire sur les bras pour économiser un peu de souffle.
Quelques dizaines de mètres plus haut, une photographe tente de nous surprendre le souffle plus que haletant. Pas question de me montrer sous un mauvais jour, j'arbore mon plus grand sourire pour la photo. Ne reste que quelques hectomètres, je pense avoir distancé mon lièvre, belle victoire. Devant moi d'autres traileurs, je me mets en tête de terminer en beauté, surtout que je me surprends à recouvrer des forces. Sans doute galvanisé par les encouragements du public qui se fait plus présent à l'approche de la si attendue finish line.
Je sors du bois, je passe de l'ombre à la lumière, retour sur le bitume. J'entends le speaker, belle surprise mon fils et mon épouse sont là pour m'encourager dans la dernière ligne, j'accélère pour montrer qu'à
40 ans je peux encore surprendre, j'en profite pour doubler deux concurrents dont un sur la ligne. Le speaker annonce mon nom, mon classement et mon temps, c'est terminé. Je regarde ma montre 1h6mn je termine en 62ème position sur 450 traileurs. Excellent résultat pour un premier trail.
Direction le ravito qui disons le est bien garni, les oranges que je m'empresse de déguster ont un goût de victoire. Mes doutes et difficultés durant la course sont déjà du passé, je resigne dès la semaine prochaine !
De retour auprès de mon épouse et de mon fiston, nous attendons ma sister qui doit encore être en pleine gadoue. Un traileur qui est bientôt arrivé pointe du doigt mon t-shirt Run For fun et me dit :”à partir d'un moment, c'est plus vrai, on ne court plus pour le fun”. Éclats de rire de ma part et de ma femme, il a dû souffrir le malheureux. Quelques minutes passent, c'est un autre participant qui m'interpelle et me dit :”là je suis vraiment au bout de ma vie”. Je le disais terminer un trail, c'est déjà une sacrée fierté.
Voilà ma soeur, je décide de la rejoindre pour re-terminer la course avec elle, je l'encourage, elle heureuse, on se promet de resigner pour une nouvelle aventure. Peut-être les 24 heures du Pas de Calais par équipe à Olhain. Au fait, félicitations aux Archers Punéens pour l'organisation, aux bénévoles pour leur disponibilité, vivement l'an prochain. Félicitations au vainqueur, le même que lors des
10km de Ruitz, Ryckelynck Benjamin qui termine en 47'35”.
Podium trail du patois
Auteur : Jeremy